Barisey au Plain
Les détails qui suivent ont
été recueilli par A. MANGEOT, pour le journal L'ÉCHO
DE NANCY (article paru le 1/12/1940), auprès d'un habitant
de Barisey au Plain qui a vécu 'en temps réel' le
bombardement du village. Cet habitant n'est autre que mon
grand-père Édouard MONTIGNON. L'annuaire de Lorraine nous
apprend qu'au moment où commence cette triste période,
Barisey au Plain se composait de 93 maisons pour 268 habitants.
Le récit des faits
Dès le 15 Juin, explique
Édouard MONTIGNON, la population
assista, consternée, au passage des troupes françaises
venant de Verdun (Meuse) et de Saint-Mihiel (Meuse), qui battaient en
retraite. Ces troupes utilisaient la route menant à Autreville
(Vosges) et gagnaient la route de Nancy à Neufchateau. Les
nombreux évacués qui suivaient le même chemin
annonçaient que les troupes allemandes, venant de la Meuse,
avançaient en direction de Vaucouleurs (Meuse). Plusieurs
habitants de Barisey au Plain quittèrent alors la commune, sur
des chariots, avec leur mobilier et quelques victuailles. Ils se
dirigèrent vers Mirecourt où ils pensaient trouver plus
de sécurité. Après quelques jours, ils durent
rebrousser chemin. Le 16 Juin au matin, une section de transport
routier vint cantonner dans le village. Cette section quitta le village
la nuit suivante. Cette journée du 16 fut peu mouvementée
par rapport à ce qui se passera par la suite. Quelques bombes
lancées près de la gare endommagèrent la ligne
électrique qui fournissait l'éclairage. Quelques bombes
tombèrent ensuite dans les jardins. La quelque centaine
d'habitants se mirent à l'abri dans les caves, dont quelques
unes étaient voûtées.
Une nouvelle visite de l'avion fit regagner précipitamment les abris. Le bombardement reprit de plus belle. Mon Grand-Père sortis de son abri vers 10 heures, il vit alors une épaisse fumée qui s'élevait des maisons situées dans la bas du village. Comme un vent très violent soufflait, l'incendie se développa avec une rapidité inouïe. Sous le bombardement, il était impossible de combattre le sinistre. Le crépitement de cet immense fournaise était entrecoupé par les hurlements du bétail resté dans les écuries. Voyant le feu s'avancer avec rapidité vers sa maison (c'est la première maison visible à gauche sur la photo ci-dessus 'Rue principale'), il s'y précipita pour sauver ce qu'il pouvait. Dans la rue, la chaleur était devenue étouffante. L'attaque du village venait de se déclencher. Bravant le péril, une Grand-mère portant dans ses bras son petit-fils, alla implorer le capitaine chargé de la défense et le supplia, au nom des habitants, de ne pas prolonger la résistance. Le capitaine, les larmes aux yeux, prit l'enfant dans ses bras, l'embrassa et dit à la grand-mère : 'J'en ai quatre moi aussi', puis il se précipita à la recherche de son commandant. Quelques instants après, le drapeau blanc flottait sur la barricade. Le bilan est alors dressé. Trente-deux maisons complètement détruites, avec ce qu'elles renfermaient : mobilier, récoltes, matériel de culture et animaux. L'incendie de la mairie a causé la perte des archives de la commune, dont de très vieux documents, selon le témoignage d'une habitante de Barisey au Plain. L'église à peu souffert, mais le presbytère est détruit. Le Château, par chance, n'a pas souffert des bombardements.
Vous pouvez consulter également l'article sur Barisey-au-Plain sur GénéaWiki
Edouard nous raconte la vie de Barisey au Plain
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Pour ceux qui ont le haut débit, écouter
le document intégral (32 mn)
Barisey au Plain avant les bombardements
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