Barisey au Plain

Guerre 1939/1945

Bombardements de Juin 1940

Les détails qui suivent ont été recueilli par A. MANGEOT, pour le journal L'ÉCHO DE NANCY (article paru le 1/12/1940), auprès d'un habitant de Barisey au Plain qui a vécu 'en temps réel' le bombardement du village. Cet habitant n'est autre que mon grand-père Édouard MONTIGNON. L'annuaire de Lorraine nous apprend qu'au moment où commence cette triste période, Barisey au Plain se composait de 93 maisons pour 268 habitants.

Le récit des faits

Dès le 15 Juin, explique Édouard MONTIGNON, la population assista, consternée, au passage des troupes françaises venant de Verdun (Meuse) et de Saint-Mihiel (Meuse), qui battaient en retraite. Ces troupes utilisaient la route menant à Autreville (Vosges) et gagnaient la route de Nancy à Neufchateau. Les nombreux évacués qui suivaient le même chemin annonçaient que les troupes allemandes, venant de la Meuse, avançaient en direction de Vaucouleurs (Meuse). Plusieurs habitants de Barisey au Plain quittèrent alors la commune, sur des chariots, avec leur mobilier et quelques victuailles. Ils se dirigèrent vers Mirecourt où ils pensaient trouver plus de sécurité. Après quelques jours, ils durent rebrousser chemin. Le 16 Juin au matin, une section de transport routier vint cantonner dans le village. Cette section quitta le village la nuit suivante. Cette journée du 16 fut peu mouvementée par rapport à ce qui se passera par la suite. Quelques bombes lancées près de la gare endommagèrent la ligne électrique qui fournissait l'éclairage. Quelques bombes tombèrent ensuite dans les jardins. La quelque centaine d'habitants se mirent à l'abri dans les caves, dont quelques unes étaient voûtées.

Le 17 Juin, un détachement du 204ème R.I., sous les ordres du commandant BOXADAT, vint, malgré les supplications des habitants ainsi que du maire, M. Charles NOËL, mettre le village en état de défense. Des tranchées, nids de mitrailleuses et abris furent aménagés. Dès l'aube du 18, un avion de reconnaissance survole le village à basse altitude. Les habitants le surnomme la pétrolette à cause de son bruit de vélomoteur. Quelques obus de '77', d'abord espacés, éclatèrent à l'ouest du village, puis le tir devint plus régulier. Deux coups plus longs firent de fortes brèches dans deux immeubles. Le matin du 19 juin, le vacarme de l'artillerie reprit de plus belle. Les batteries allemandes tiraient depuis les localités voisines (Mont-l'Etroit, Vannes-le-Chatel et Allamps). Ancien artilleur de la guerre 14/18 au 39ème R.A.C., mon Grand-Père se rendis bientôt compte que les obus de '77' arrivaient maintenant escortés de projectiles de '105' et même de '150'. Les batteries de 75 françaises ripostaient et contrebattaient les pièces postées à Allamps. Dès ce moment, plusieurs maisons de Barisey furent atteintes, notamment dans la rue faisant face à Saulxures-les-Vannes.
Les soldats du 204ème R.I. renforçaient activement, sous le feu, les travaux de défense. A l'aube du 20 juin, profitant d'un moment de répit, chacun courut vers sa maison constater si elle avait été atteinte on non. 

Une nouvelle visite de l'avion fit regagner précipitamment les abris. Le bombardement reprit de plus belle. Mon Grand-Père sortis de son abri vers 10 heures, il vit alors une épaisse fumée qui s'élevait des maisons situées dans la bas du village. Comme un vent très violent soufflait, l'incendie se développa avec une rapidité inouïe. Sous le bombardement, il était impossible de combattre le sinistre. Le crépitement de cet immense fournaise était entrecoupé par les hurlements du bétail resté dans les écuries. Voyant le feu s'avancer avec rapidité vers sa maison (c'est la première maison visible à gauche sur la photo ci-dessus 'Rue principale'), il s'y précipita pour sauver ce qu'il pouvait. Dans la rue, la chaleur était devenue étouffante. L'attaque du village venait de se déclencher. Bravant le péril, une Grand-mère portant dans ses bras son petit-fils, alla implorer le capitaine chargé de la défense et le supplia, au nom des habitants, de ne pas prolonger la résistance. Le capitaine, les larmes aux yeux, prit l'enfant dans ses bras, l'embrassa et dit à la grand-mère : 'J'en ai quatre moi aussi', puis il se précipita à la recherche de son commandant. Quelques instants après, le drapeau blanc flottait sur la barricade. Le bilan est alors dressé. Trente-deux maisons complètement détruites, avec ce qu'elles renfermaient : mobilier, récoltes, matériel de culture et animaux. L'incendie de la mairie a causé la perte des archives de la commune, dont de très vieux documents, selon le témoignage d'une habitante de Barisey au Plain. L'église à peu souffert, mais le presbytère est détruit. Le Château, par chance, n'a pas souffert des bombardements.

 Vous pouvez consulter également l'article sur Barisey-au-Plain sur GénéaWiki

Edouard nous raconte la vie de Barisey au Plain

  • Barisey vers 1880

Pour ceux qui ont le haut débit, écouter le document intégral (32 mn)


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